Les IndisciplinéEs, du 31 octobre au 10 novembre, hymne de la vie nocturne de la cité portuaire. Lorient. Quelques jours. Une semaine. Echarpe d’automne autour du cou qui nous embête quand la fièvre monte dans la salle. Et dieu sait que cette année, beaucoup risquent de sortir de là en criant un semblant de Joey Starr : « mais ils m’ont mis la fièvre, pendant des heures ». Seulement, encore fallait-il être au bon endroit, au bon moment. Pour ne rien louper. Pour arriver le lundi matin, machine à café, touillettes, thé, à raconter fissa fissa cet instant de folie douce à admirer les poètes modernes au micro d’argent. Désimposture ne vous laisse pas en rade, là, au bord du port, à attendre son tour devant la billetterie dans le flou le plus total. On joue les guides, mais attention, interdiction de nous comparer à ces vieux moustachus qui traînent leur savoir hypnotique d’un passé dépassé sur la petite histoire de la grande histoire.
Premier coup d’œil. Clin d’œil. Samuel Chalom, breton parisien, ou inversement, à la source d’Un œil vers l’ailleurs, donne son point de vue sur la programmation des IndisciplinéEs. S’il était là. « J’irais voir Superpoze, un superbe Dj découvert récemment grâce à son titre Transylvania et qui va, à n’en pas douter, compter sur la scène électronique des mois à venir ». Mais ce n’est pas tout. « Rone, parce qu’il a été mon idole pendant quelques mois et que le live que j’avais vu de lui avait été gâché par un son pourri, donc j’ai hâte de le revoir dans de bonnes conditions. Et Christophe, parce que même des décennies après Les mots bleus, cet artiste arrive à se renouveler ».
Moustache, cheveux or. Lunettes teintées comme la dernière Benz de 50 cent. Christophe continue de plaire à la jeune génération. San Carol, jeune artiste angevin d’un bain électronique en plein mouvement, confirme : « Christophe reste la légende de la variété française. Même si cela a mal vieilli, je pense que c’est l’incontournable de ce festival ». Compliment ou non, chacun choisira. En tout cas, la nouvelle pépite du grand ouest, qui vient de sortir son premier album La Main Invisible, ne s’arrêterait pas là. « J’irais également voir A Place To Bury Strangers histoire de saigner un bon coup des oreilles, Dominique A que j’ai découvert grâce à mon père et j’irais terminer ma soirée sur Rone car il est simplement excellent en live. Le mec maîtrise son sujet à fond et se permet d’avoir une vraie personnalité musicale directement identifiable, ce qui est rare ». Même chose pour Julien Brulé, artiste électronique en pleine croissance musicale : « Les IndisciplinéEs ont voulu faire une place de choix aux artistes en devenir : Fauve – des textes crus, sans tabou, slamés sur une musique spacieuse et intemporelle - et surtout Superpoze, un normand qui nous transporte au travers de tracks hautes en couleurs. Pourquoi y aller ? Pour ne pas le regretter plus tard ». Le ton est donné. Reste à savoir ce qu’en pensent nos chroniqueurs musicaux. Bien, pas bien. Bonne ou mauvaise copie. Le suspense monte. Bon d’accord, il ne monte pas, mais faisons tout comme. Où doit-on mettre les pieds ?
« Je conseille fortement d’aller voir Griefjoy : un groupe qui mérite d’être vu et entendu. Ils ont beaucoup progressé depuis leur dernier groupe et aujourd’hui, ils sont sur scène et nous donnent une belle claque, explique Sabrine Khinibillade Some Are On The Way. Avis aux amateurs de bonne musique, c’est à ce concert là qu’il faut être ». Seulement, dans la sphère du web, où les chroniques s’enchaînent plus vite que les morceaux, juste à côté, Rémi Deleo, de Music and Street, a la tête ailleurs qu’à Griefjoy. Non, elle n’est pas dans les étoiles, quoi que. Elle traîne du côté de l’Angleterre de Ghostpoet : « ce génie de Coventry – bien qu’encore jeune – délimite les frontières d’une œuvre novatrice et profonde, empreinte d’une maturité affligeante. De la beauté, du sens, de la musique consciente, voilà ce que l’on a avec Ghostpoet. Ses titres viennent vous chercher émotionnellement, intellectuellement. Il est fantastique ». Désimposture confirme. Alors si avec ça vous n’êtes pas séduits, les mouches auront des dents. Ou les moutons. Les poules. Bref. Sans doute. Programmation complète.
Romain Le Berrigot
Désimposture / Les Résidents